Young feminist with a female sign in her hand
Young feminist with a female sign in her hand

Les prémices du féminisme avant le 19e siècle

Bien que le terme « féminisme » n’apparaisse qu’au 19e siècle, on peut trouver des traces d’une pensée proto-féministe dès l’Antiquité et le Moyen-Âge.

Des voix qui s’élèvent dans l’Antiquité 🏛️

Dans la Grèce antique, certains philosophes comme Antisthène, fondateur de l’école cynique, affirmaient déjà que « l’homme et la femme ont la même vertu ». Son disciple Cratès de Thèbe mit en pratique cette égalité en épousant la noble Hipparchie, qui adopta le mode de vie cynique.

Christine de Pizan, pionnière médiévale

Au Moyen-Âge, l’écrivaine Christine de Pizan (1364-1430) est considérée comme une précurseure du féminisme. Dans son ouvrage La Cité des Dames (1405), elle défend la valeur et les capacités intellectuelles des femmes :

« Si la coustume estoit de mettre les petites filles a l’escole, et que communément on les fist apprendre les sciences comme on fait aux filz, qu’elles apprendroient aussi parfaitement et entenderoient les subtilités de toutes les arz et sciences comme ils font »

Christine de Pizan est la première à utiliser le terme de « matrimoine » pour désigner l’héritage culturel des femmes. Elle s’oppose également aux propos misogynes de certains auteurs de son époque.

Les Lumières et la Révolution française

Au 18e siècle, les philosophes des Lumières comme Condorcet commencent à remettre en question la subordination des femmes. Pendant la Révolution française, des femmes comme Olympe de Gouges militent activement pour leurs droits politiques. En 1791, celle-ci rédige la célèbre Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, affirmant que :

« La Femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune »

Cependant, ces revendications restent minoritaires et la Révolution n’accorde finalement pas le droit de vote aux femmes.

Naissance du féminisme au 19e siècle

C’est au 19e siècle que le féminisme émerge véritablement comme mouvement social et politique organisé.

L’apparition du terme « féminisme » 📚

Le mot « féminisme » apparaît pour la première fois en 1872 sous la plume d’Alexandre Dumas fils, qui l’utilise de manière péjorative pour désigner les partisans de l’égalité des droits. Il est ensuite réapproprié positivement par la militante Hubertine Auclert en 1882, qui se définit comme la première « féministe » autoproclamée.

Les pionnières du féminisme anglo-saxon

Au Royaume-Uni, Mary Wollstonecraft publie en 1792 A Vindication of the Rights of Woman, considéré comme l’un des textes fondateurs du féminisme. Elle y revendique l’égalité d’éducation et de droits entre hommes et femmes.

Aux États-Unis, le mouvement féministe naît dans le sillage de la lutte pour l’abolition de l’esclavage. En 1848, la Convention de Seneca Falls marque la naissance officielle du mouvement des droits des femmes américain.

Le féminisme en France au 19e siècle

En France, le féminisme se structure à partir des années 1830, porté notamment par les mouvements socialistes utopiques comme les saint-simoniens. Des figures comme Flora Tristan ou Jenny d’Héricourt militent pour l’émancipation des femmes.

Sous le Second Empire, des avancées sont obtenues dans le domaine de l’éducation des filles. Julie-Victoire Daubié devient ainsi en 1861 la première bachelière de France.

Dans les années 1870-1880, le mouvement féministe français s’organise avec la création d’associations comme la Société pour l’amélioration du sort de la femme de Maria Deraismes (1878) ou la Ligue française pour le droit des femmes de Léon Richer (1882).

La première vague féministe (fin 19e – milieu 20e siècle)

La fin du 19e siècle et le début du 20e voient l’émergence de ce qu’on appelle rétrospectivement la « première vague » du féminisme.

Les principales revendications

Les féministes de cette époque se battent principalement pour :

Le droit de vote des femmes 🗳️
L’accès à l’éducation supérieure
Le droit au travail
L’égalité juridique (notamment au sein du mariage)

Le mouvement suffragiste

La lutte pour le droit de vote mobilise particulièrement les féministes. Au Royaume-Uni, les suffragettes menées par Emmeline Pankhurst mènent des actions spectaculaires pour obtenir le suffrage féminin.

Aux États-Unis, des figures comme Susan B. Anthony ou Elizabeth Cady Stanton animent le mouvement pour le droit de vote des femmes, qui sera finalement obtenu en 1920.

En France, le combat est mené notamment par Hubertine Auclert. Mais il faudra attendre 1944 pour que les Françaises obtiennent le droit de vote.

Des avancées progressives

Malgré la résistance des sociétés patriarcales, les féministes obtiennent des victoires progressives :

Accès des femmes aux universités
Droit au divorce
Reconnaissance de certains droits civils (gestion des biens, etc.)
Entrée dans certaines professions jusque-là réservées aux hommes

La deuxième vague féministe (années 1960-1980)

Après un relatif reflux dans l’entre-deux-guerres et l’immédiat après-guerre, le féminisme connaît un nouvel essor à partir des années 1960.

Un nouveau contexte social et intellectuel

Cette « deuxième vague » s’inscrit dans le contexte des mouvements contestataires des années 1960 (Mai 68 en France). Elle est aussi stimulée par des ouvrages fondateurs comme Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir (1949).

Les nouveaux combats 💪

Les féministes élargissent leurs revendications à de nouveaux domaines :

Liberté sexuelle et contraception : droit à disposer librement de son corps
Droit à l’avortement
Lutte contre les violences faites aux femmes (viol, violences conjugales)
Critique des rôles genrés et des stéréotypes sexistes
Dénonciation des inégalités professionnelles

De nouveaux modes d’action

Le mouvement adopte des formes d’action plus radicales et médiatiques :

Manifestations
Actions symboliques (dépôt d’une gerbe à la femme du soldat inconnu en 1970)
Pétitions comme le Manifeste des 343 pour l’avortement en France (1971)

Émergence de nouveaux concepts

La pensée féministe se complexifie avec l’élaboration de nouveaux concepts :

Le patriarcat comme système d’oppression des femmes
Le genre comme construction sociale des rôles sexués
L’intersection des oppressions (classe, race, sexe)

Diversification des féminismes (années 1980-2000)

À partir des années 1980, le mouvement féministe se fragmente en différents courants.

Le féminisme libéral

Héritier de la première vague, il vise l’égalité des droits dans le cadre du système existant. Il est particulièrement influent aux États-Unis.

Le féminisme radical

Il considère que seul un changement radical du système patriarcal peut mettre fin à l’oppression des femmes. Il est notamment porté par des auteures comme Kate Millett.

Le féminisme matérialiste

Inspiré du marxisme, il analyse l’oppression des femmes sous l’angle de l’exploitation économique. Christine Delphy en est une figure importante en France.

Le féminisme différentialiste

À l’inverse, il valorise une spécificité féminine et critique l’alignement sur un modèle masculin. Luce Irigaray en est une représentante.

Les féminismes minoritaires

De nouveaux courants émergent pour porter la voix de groupes spécifiques :

Black feminism aux États-Unis
Féminisme lesbien
Féminisme musulman

La troisième vague et les débats contemporains

Depuis les années 1990, on parle parfois d’une « troisième vague » du féminisme.

L’intersectionnalité

Développée par Kimberlé Crenshaw, cette approche prend en compte les interactions entre différentes formes de domination (sexisme, racisme, classisme, etc.).

La théorie queer

Portée notamment par Judith Butler, elle remet en question les catégories de genre et promeut une vision fluide des identités.

Le cyberféminisme

Les nouvelles technologies offrent de nouveaux espaces d’expression et de militantisme féministe.

Les débats actuels 🗣️

Le féminisme contemporain est traversé par de nombreux débats :

Prostitution : abolitionnisme vs. défense des travailleuses du sexe
Voile islamique : interdiction au nom de l’émancipation ou défense de la liberté de choix ?
Transidentité : inclusion ou non des femmes trans dans les espaces féministes

Le féminisme au 21e siècle : une quatrième vague ?

Depuis les années 2010, certains évoquent l’émergence d’une « quatrième vague » féministe.

Le mouvement #MeToo

Né en 2017 aux États-Unis, ce mouvement de libération de la parole sur les violences sexuelles a eu un retentissement mondial.

Un féminisme plus inclusif

Les revendications s’élargissent à des groupes auparavant peu visibles :

Femmes racisées
Personnes LGBTQI+
Personnes en situation de handicap

De nouveaux modes d’action

Les réseaux sociaux permettent de nouvelles formes de mobilisation :

Hashtags viraux (#BalanceTonPorc en France)
Pétitions en ligne
Vidéos de sensibilisation

Les défis actuels du féminisme

Le mouvement féministe fait face à plusieurs enjeux :

Lutte contre les violences sexistes et sexuelles
Égalité professionnelle (écarts de salaires, plafond de verre)
Partage des tâches domestiques
Représentation politique des femmes
Lutte contre les stéréotypes de genre

Bilan : un combat toujours d’actualité

Malgré les avancées obtenues depuis deux siècles, l’égalité réelle entre hommes et femmes reste un objectif à atteindre. Le féminisme demeure un mouvement vivace et en constante évolution, qui s’adapte aux enjeux de son époque.

Si certains courants s’opposent sur les stratégies à adopter, tous partagent l’objectif commun de mettre fin aux discriminations basées sur le sexe et le genre. Le féminisme continue ainsi d’interpeller nos sociétés sur les inégalités persistantes et les nouveaux défis à relever pour construire un monde plus égalitaire. 🌍

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